L’origine de l'Eau dans L’Orne
Notions d’hydrogéologie
Les eaux superficielles qualifient les eaux de surface en contact direct avec l’atmosphère : cours d’eau, lacs et autres plans d’eau, fossés d’infiltration…
Les eaux souterraines proviennent de l’infiltration des eaux de pluie dans une couche de terrain perméable reposant sur une couche de terrain imperméable. En quantités suffisantes, les eaux souterraines forment une nappe aquifère.
La nappe est l’ensemble des eaux comprises dans la zone saturée d’un aquifère, dont toutes les parties sont en liaison hydraulique (Margat et Castany). Un aquifère – du latin aqua = eau et ferre = porter, apporter – est une formation géologique présentant des interstices, fissures ou fractures susceptibles de contenir de l’eau.
Une nappe se caractérise, entre autres, par son épaisseur, ses capacités de recharge et de vidange et sa qualité d’eau qui sont toutes dépendantes du contexte géologique dans lequel la nappe s’est formée et évolue.
L'alimentation en eau
En fonction de la ressource disponible, l’eau peut être prélevée :
- en rivière,
- en captant des sources,
- en creusant des puits,
- en effectuant des forages.
Les dispositifs par lesquels l’eau est puisée sont des captages d’eau. Ils peuvent être composés d’un ou plusieurs points de prélèvement.
Une ressource est considérée fiable lorsqu’elle s’avère suffisamment productive au regard des besoins en eau et lorsque sa protection vis-à-vis des pollutions peut être assurée efficacement sans investissement prohibitif.
Caractéristiques ornaises
Le département de l’Orne se caractérise par le fait d’être « tête de bassin versant » que ce soit en termes topographique ou géologique.
Sur le plan topographique, le département est coupé par un axe Est/Ouest :
- La partie Nord représente la tête de bassin des rivières côtières de la Manche et de leurs affluents. Ces fleuves sont l’Orne, la Dives, la Touques, la Risle et l’Eure. Cette partie correspond au bassin de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie.
- La partie Sud représente la tête de bassin de rivières affluentes de la Loire. Les plus importantes sont la Varenne, la Mayenne, la Sarthe et l’Huisne. Cette partie correspond au bassin de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.
Sur le plan géologique, le département est également coupé par un axe Nord/Sud :
- La partie Ouest est comprise entre la limite ouest du département et l’axe Nord/Sud passant approximativement par Alençon et Ecouché. Elle est constituée d’éléments anciens du Massif Armoricain, datant jusqu’à -600 Millions d’années (Ma).
- La partie Est comprend le reste du département. C’est une bordure ouest du Bassin Parisien dont la bordure est s’étend jusqu’en Alsace. Ce bassin est composé de formations sédimentaires plus récentes déposées en contexte marin. En partant d’Ouest en Est, en direction de Paris, les formations rencontrées à l’affleurement sont de plus en plus récentes allant du Jurassique moyen, -180 Ma au début du Crétacé supérieur -90 Ma.
© Conseil Départemental de l’Orne « L’eau patrimoine de l’Orne »
La répartition des différents types de captages dans l’Orne correspond à la réalité géologique. Ainsi à l’Ouest du département prédominent les captages de surface et dans la partie Est priment les forages.
En effet, l’Ouest du département dispose de ressources en eau souterraine difficiles à mobiliser. Les roches qui constituent cette partie (granites, schistes et grès) sont peu perméables et très peu poreuses. L’eau ne peut y pénétrer que lorsque la roche est altérée et/ou fracturée. Par conséquent, la productivité des nappes du Bocage est généralement faible. La réalisation de forages profonds (> 100 m) dans des zones très fracturées permet toutefois de mobiliser des volumes d’eau parfois conséquents et, bien souvent, de très bonne qualité grâce à la filtration naturelle induite par les roches traversées.
Dans la partie Est, les terrains sableux et calcaires, poreux et fissurés, sont propices à l’infiltration et au stockage de l’eau. La ressource en eau souterraine y est plus abondante. Elle est exploitée soit en captant des sources, soit en créant des forages.
Du fait de cette situation de « tête de bassin versant », l’Orne fait face à des problématiques quantitatives liées à des ressources de faibles productivités et vulnérables. Ceci oblige à abandonner certains captages, tenter d’en trouver de plus fiables et interconnecter les réseaux existants sous réserve que les ressources les alimentant soient suffisantes.
Sur le plan qualitatif, les principales causes de pollution sont :
- les pesticides – produits chimiques utilisés contre les parasites animaux et végétaux, champignons ou bactéries – sur les eaux de surface localisées dans la partie occidentale du département,
- et les nitrates – formes de l’azote qui, en trop grandes quantités, perturbent l’équilibre biologique des milieux aquatiques – sur les captages d’eau potable exploitant les nappes les moins profondes des calcaires du Bathonien (plaines d’Alençon, Sées, Argentan) et de la craie du Cénomanien (Pays d’Auge, Pays d’Ouche, Perche), dans les zones de grandes cultures.
A l’échelle du département de l’Orne, sur un volume de prélèvement total de 23 Millions de m3, les ressources superficielles sont sollicitées à hauteur de 32 % (10 ouvrages) contre 68 % pour les eaux souterraines (135 ouvrages).
Cependant, cette moyenne départementale cache des réalités locales très diverses, avec :
Sur la partie Ouest du département :
- 75 % de l’eau potable en provenance des eaux superficielles (rivières)
- 25 % de l’eau potable en provenance des eaux souterraines (forages ou sources)
Sur la partie Est du département :
- 100 % de l’eau potable en provenance des eaux souterraines (forages ou sources)
La production et la distribution d'eau potable
La production
L’eau captée (eau brute) a des caractéristiques propres. Afin de la rendre conforme aux normes de potabilité, elle doit subir un certain nombre de traitements : désinfection, déferrisation… Ces procédés sont assemblés dans un ordre déterminé : c’est la création d’une filière de traitement.
Le choix des procédés est toujours guidé en priorité par la nature de l’eau à traiter ainsi que par le débit souhaité. D’autres critères entrent ensuite en ligne de compte comme l’autonomie des procédés, leur capacité à produire un minimum de déchets (boues, concentrats, éluats de régénération, etc.), leur encombrement ou leur coût.
Afin d’assurer la durabilité des dispositifs de traitement, des eaux de process sont utilisées pendant la phase de production d’eau (nettoyage des filtres, etc.). Le volume d’eau produit en sortie d’usine se comptabilise alors comme le volume prélevé duquel est déduit le volume de process.
Lorsque le site de captage le permet, l’usine est construite à proximité directe du ou des ouvrage(s) de prélèvement.
La distribution
Une fois captée et potabilisée, l’eau est acheminée vers les abonnés par un ensemble d’ouvrages constituant le réseau de distribution.
Parmi ces ouvrages, les infrastructures de stockage (châteaux d’eau et autres réservoirs) permettent de mettre le réseau en pression et de réguler la distribution grâce à un volume de stockage équivalent à plusieurs heures de consommation.
Ces réservoirs nécessitent un entretien particulier, tout comme les infrastructures et matériels d’acheminement de l’eau potable (canalisations, vannes, pompes…) qui, par leur vieillissement, vont présenter des points de fuite.
La gestion du service public de l'eau potable
La collectivité en charge de la distribution peut opter pour une gestion du service avec ses propres employés. Il s’agit alors d’une régie ou bien par l’intermédiaire d’une délégation, auprès d’une société privée. Il s’agit alors d’une gestion déléguée.
La régie directe
La régie assure elle-même les prestations aux usagers et perçoit les paiements. Elle gère intégralement le service.
La gestion déléguée
Il existe différents types de contrats de délégation de service public, ainsi la gestion déléguée peut être faite en :
- affermage,
- gérance,
- concession,
- régie intéressée
Dans l’Orne, la majorité des collectivités est gérée en affermage.
Il s’agit d’un mode de gestion par lequel une personne publique confie par contrat, à un fermier, la gestion d’un service public. La collectivité publique réalise l’investissement et construit les ouvrages nécessaires à l’exploitation du service. Le fermier exploite les ouvrages mis à disposition par la collectivité.
Dans le département de l’Orne, les services de l’eau sont gérés en régie ou en affermage.
18 le sont en régies :
- BAGNOLES DE L’ORNE NORMANDIE
- S.M.A.E.P. de BAZOCHES-SUR-HOËNE
- BRETONCELLES
- CANAPVILLE
- S.I.A.E.P. de CHAMPOSOULT
- COUDEHARD
- FLERS AGGLO (en partie)
- GOUFFERN EN AUGE
- S.I.A.E.P. du HAUT PERCHE (en partie)
- S.I.A.E.P. du MEILLON
- S.I.A.E.P. de MARCHAINVILLE- MOUSSONVILLIERS
- NEAUPHE-SUR-DIVE
- S.I.A.E.P. PERCH’EST
- St LAMBERT-SUR-DIVE
- S.I.A.E.P du PERCHE SUD
- S.I.A.E.P du PERCHER (en partie)
- TOURNAI-SUR-DIVE
- VILLEDIEU-LES-BAILLEUL
Les autres collectivités ont opté pour le transfert de l’exploitation et la gestion à un fermier. La carte représente le mode d’exploitation de chaque collectivité et le tableau indique les coordonnées des compagnies fermières.
Agence de l’Aigle
Domaine la Croix St Jacques-1 bis rue Spisska. Nova Ves
61 300 L’AIGLE
Agence d’Alençon
154 Rue de Cerisé
61 000 ALENÇON
Agence de Mortagne – au – Perche
ZA des Gaillons
61400 SAINT-HILAIRE-LE-CHATEL
Agence Falaise
Chemin Saulnier
14 700 FALAISE
Agence Gacé
Route de Vimoutiers
61 230 GACÉ
22 Rue des Grèves – CS 15170 –
50 307 AVRANCHES cedex
Agence Argentan
1 Route de Putanges
61 200 ARGENTAN
Agence Mamers
Z.I. de Bellevue
14 Boulevard de l’Europe
72 600 MAMERS
La facture et le prix de l'eau
L’organisation et la structure de la facture d’eau sont fixées par l’arrêté du 10 juillet 1996
.
La facture doit présenter (1) le volume d’eau utilisé par l’abonné , le prix à payer TTC (“à régler avant le “). Le prix est ensuite détaillé selon les trois composantes : (2) Le service d’eau potable, (3) le service d’assainissement) et (4) les redevances et taxes reversées à l’Agence de l’Eau – préservation de la ressource en eau et lutte contre la pollution de l’eau –
© Agence française pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018 - LO-OL
Le prix relatif au service d’eau potable comprend un montant fixe d’abonnement au service et une part variable correspondant à la consommation d’eau potable.
Les montants associés aux lignes “abonnement” et “consommation” reviennent à la collectivité dans le cas d’une gestion en régie ou sont réparties entre la collectivité et le délégataire dans le cas d’une délégation de service public :
- la surtaxe, somme destinée à la rémunération de la collectivité pour les investissements (travaux de reconstruction, d’extension, et de renforcement… qu’elle réalise) ; le délégataire reverse cette somme à la collectivité.
- La part du délégataire qui comprend, la rémunération du délégataire, les modalités de calcul de son évolution et les travaux d’entretien.
Le prix de l’eau varie selon les collectivités. De nombreux facteurs expliquent les disparités observées sur le département : la qualité de l’eau brute, la densité de population, les équipements techniques, la taille de la collectivité,…
Au 1er janvier 2023, le prix moyen départemental de l’eau potable pondéré par le volume d’eau potable vendu s’établit à 2,69 € par m3 toutes taxes et redevances comprises sur la base d’une consommation de 120 m3. Les régies gèrent l’eau potable pour un coût moindre que les fermiers : 2,53 € par m3 contre 2,73 € par m3.
Pour aller plus loin
Synthèse départementale des RPQS
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